Carnet de Bord – HUMANITAIRE évolue, et vous propose désormais un deuxième format de vidéos ! En plus des épisodes destinés à décrypter le monde de la solidarité internationale, nous ferons également chaque mois le tour de l’actualité humanitaire la plus marquante en moins de cinq minutes.
Il n’est pas nécessaire de le démontrer, la pandémie de coronavirus (COVID-19) a affecté la quasi-totalité des activités humaines sur l’ensemble de la planète. Avec 178 pays actuellement affectés par cette crise, et alors que les inquiétudes se font de plus en plus grandes quant aux conséquences économiques mondiales qui en résulteront, il convient également de jeter un regard sur l’impact de la pandémie sur les activités humanitaires.
Il y a tout juste deux ans jour pour jour débutait l’une des crises humanitaires majeures de notre siècle : Près d’un million de Rohingyas prennent la fuite depuis leur pays – le Myanmar – pour se réfugier de l’autre coté de la frontière, au Bangladesh. Aujourd’hui, que reste-il de cette crise ? Quelle est la situation pour les Rohingyas réfugiés au Bangladesh ? Et qu’en est-il pour les dizaines de milliers de Rohingyas restés au Myanmar ?
C’est le sujet du moment, discuté par moult travailleurs humanitaires et maintenant repris et partagé par la presse et le public. La semaine dernière, le journal britannique The Times a publié un article indiquant que plusieurs de ses employés internationaux – dont un chef de mission – avaient eu recours à des prostituées à Haïti en 2011, pays à l’époque durement frappé par un séisme d’une ampleur catastrophique. L’enjeu et les conséquences de cette affaire sont d’autant plus importants, que cela pourrait accentuer encore plus profondément la crise de confiance accordée par le public aux organisations humanitaires.
EDIT JUIN 2022 : Cinq années (!) après le début de l’opération Love Army en Somalie et au Bangladesh, Jérome Jarre a enfin publié le compte-rendu relatif à ces activités. Carnet de Bord – HUMANITAIRE salue cet effort attendu de longue date, tout en notant que ce rapport de 199 pages confirme les confusions et inexactitudes qui avaient été relevées lors de la rédaction de cet article en 2017. Contrairement à ce qui avait été annoncé, les dons récoltés n’ont pas été redistribués à 100% aux personnes aidées (puisque les frais bancaires, de la cagnotte et autres dépenses logistiques rendaient cela évidemment impossible). Aussi, la Love Army n’a pas agi de manière autonome ou « décentralisée » mais davantage comme une fondation allouant des fonds à des partenaires de mise en œuvre des projets. Ce rapport est disponible ici.
Depuis le 15 mars 2017, l’influenceur/créateur web Jérôme Jarre secoue la sphère d’internet afin de sensibiliser son public – mais pas seulement – à la réalité de certaines crises humanitaires qui secouent actuellement le monde. D’abord au profit de la crise alimentaire en Somalie puis du terrible séisme qui a secoué le Mexique, le rouleau médiatique de Jérôme Jarre s’est depuis quelques jours tourné sur la cause des Rohingyas au Bangladesh. S’il est évidemment remarquable de voir une personne disposant d’une telle audience – plusieurs millions d’abonnés sur les différents réseaux sociaux – récolter autant d’attention mais également de fonds, il est pourtant difficile, lorsque l’on est soi-même un professionnel humanitaire, de refreiner un certain malaise.
En effet, le procédé de communication utilisé par Jérôme Jarre et sa Love Army est tel qu’il véhicule une image erronée de l’action humanitaire. Non seulement cela nuit à l’action des organisations humanitaires déjà présentes en occultant le travail qu’elles mettent d’ores et déjà en œuvre, mais cela transmet également un message erroné sur la dimension professionnelle du monde humanitaire. Par ailleurs, le mode de fonctionnement et de financement des outils sur lesquels les influenceurs web s’appuient fait également submerger des craintes quant à la possible utilisation de l’audience engrangée à des fins plus lucratives dans le futur. Explications.
Depuis le 25 août dernier, l’attention de la communauté internationale s’est – en partie – tournée sur le Myanmar, et plus exactement sur la situation qui a poussé des centaines de milliers de personnes à fuir l’État du Rakhine vers le Bangladesh voisin. Suite à l’attaque coordonnée de plusieurs postes-frontières par des membres de l’Armée du Salut des Rohingya de l’Arakan (ARSA) coutant la vie à douze policiers et à la répression consécutive des Tatmadaw, 607 000 personnes ont fui l’État du Rakhine entre le 25 août et le 5 novembre 2017 pour se réfugier au Bangladesh. Cet afflux de personnes s’est ajouté aux 212 000 réfugiés Rohingyas qui avaient déjà fui le Myanmar avant le 25 août 2017, poussant le total de birmans réfugiés au Bangladesh au nombre de 800 000.
Note: Cet article a initialement été publié en décembre 2013 mais son contenu et les réflexions qu’il soulève restent d’actualité.
Une récente étude du Humanitarian Policy Group sur la crise alimentaire de 2011 en Somalie est venue secouer la sphère humanitaire. Enfin, que très légèrement en fait, puisqu’en réalité le débat qu’elle soulève existe depuis toujours. Selon cette étude menée au travers de 80 interviews de travailleurs humanitaires, de civils et d’anciens responsables shebabs, les organisations humanitaires présentes en Somalie lors de la crise auraient négocié l’accès aux zones occupées par les shebabs en leur reversant des sommes comprises entre 500 et 10 000 $. Patatras, il n’en suffisait pas moins pour relancer ce sempiternel débat (*Roulements de tambours*) :
« Les agences et organisations de solidarité internationale peuvent-elles en certaines circonstances s’affranchir des principes humanitaires, lesquels proclament notamment indépendance et neutralité ? ».