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« Le fait d’être tous les jours exposé à des patients traumatisés peut avoir un impact très fort sur la santé mentale. »

« Le fait d’être tous les jours exposé à des patients traumatisés peut avoir un impact très fort sur la santé mentale. »

Loin derrière l’image de super-héros que le public nourrit envers les humanitaires, ces derniers exercent un travail émotionnellement plus dur qu’il n’y parait. Au retour de chacune de leurs missions, leur épuisement physique est facilement facilement percevable, mais leur fatigue va au-delà de tout ça. Intérieurement, ils reviennent parfois cassés psychologiquement, et d’autres fois choqués ou traumatisés. C’est le revers de la médaille d’un travail certes formidable mais aussi très rude à de nombreux égards.

Pour mieux comprendre cet aspect méconnu du travail humanitaire, Carnet de Bord – HUMANITAIRE est allé à la rencontre de Nicolas VEILLEUX, Coordinateur de la Cellule de Support Psychosocial pour Médecins Sans Frontières (France).


Médecins Sans Frontières est une association médicale humanitaire internationale qui apporte une assistance à des populations dont la vie ou la santé sont menacées, en France ou à l’étranger : principalement en cas de conflits armés, mais aussi d’épidémies, de pandémies, de catastrophes naturelles ou encore d’exclusion des soins.


Carnet de Bord – HUMANITAIRE : On assiste depuis plusieurs années à une augmentation de la considération de la santé mentale du personnel humanitaire et l’existence d’une cellule support psycho-social au sein de Médecins Sans Frontières en est un bel exemple. En effet, l’épuisement émotionnel, les syndromes de burnout ou de stress post-traumatique sont une réalité pour de nombreux travailleurs humanitaires. Néanmoins, comment peut-on expliquer que le personnel humanitaire soit particulièrement exposé à ces risques ?

Nicolas Veilleux : C’est vrai qu’il y a une considération de plus en plus importante depuis quelques années au sein de Médecins Sans Frontières mais aussi d’autres ONGs comme Action Contre la Faim ou Handicap International qui ont aussi des cellules de support pour les équipes. Comment on peut expliquer ça ? Peut-être qu’il y a eu une prise de conscience avec la croissance de ces organisations, avec tous les mécanismes d’auto-support qu’il pouvait y avoir entre des gens d’une même communauté – ça se retrouve beaucoup dans les professions à risques –, il y a de plus en plus de monde qui va sur le terrain, il y a de plus de en plus d’incidents de sécurité aussi et puis aussi il y a un changement sociologique qui s’est observé ces dernières années, avec de nouvelles personnes qui entrent dans les organisations humanitaires et qui d’une certaine manière questionnent aussi, au nom d’un objectif d’aide dans des conditions extrêmes le fait que la fin justifie les moyens d’une certaine manière. Il y a une volonté aussi de pouvoir être mieux protégé par l’organisation, et une prise de conscience de l’organisation qu’il fallait mettre en place des dispositifs pour pouvoir réduire ces facteurs de stress.

Ce n’est toutefois pas forcément le stress post-traumatique qui apparait comme un des risques majeurs pour le personnel humanitaire. C’est un risque qui existe, c’est évident, parce qu’il peut y avoir des incidents critiques graves avec des forts niveaux d’exposition. Mais on a plutôt remarqué deux types d’impact qui se retrouvent à la fois dans le monde du travail et dans le monde humanitaire, à savoir l’épuisement et le burnout. On observe également de plus en plus le concept de « fatigue compassionnelle » chez des expatriés, des travailleurs humanitaires qui à force d’accumulation de missions et le fait d’être en permanence sur des projets avec une exposition à des populations en souffrance peuvent à leur tour développer des symptômes de détresse à plus long terme.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Abordons maintenant la question de la prévention. Plus exactement, quelles sont les stratégies adoptées par Médecins Sans Frontières auprès de ses employés afin de prévenir le risque de développer un burnout ou des symptômes de fatigue compassionnelle ? Existe-il par exemple une préparation spécifique à ce sujet avant chaque départ en mission, à l’image de ce qui est déjà réalisé en termes de gestion de la sécurité sur le terrain ?

Nicolas Veilleux : Ce que l’on a mis en place, c’est un système de prévention relativement classique. Au niveau des risques psycho-sociaux, il existe trois types de prévention : la prévention primaire, secondaire et tertiaire. Ce que l’on essaie de faire, c’est vraiment d’agir sur ces trois niveaux de prévention.

La prévention dite primaire, c’est d’agir sur toutes les causes de stress de manière conjointe. C’est une responsabilité du département des ressources humanitaires et des opérations de réduire les facteurs de stress, d’agir sur les temps de repos, le temps de vacances, d’agir sur la culture managériale qui historiquement est une culture un peu dure on va dire.

Le deuxième niveau de prévention consiste renforcer les compétences des coordinateurs sur le terrain. Donc on essaie de les briefer, de les former ou d’organiser des formations pour qu’ils puissent gérer ce type d’incident au niveau psychologique, bien débriefer leurs équipes, bien identifier une personne qui a été très exposée, comme des petits gestes de secourisme on va dire. Et puis aussi quelque chose qui a été mis en place au sein de MSF c’est de briefer et de débriefer systématiquement – on ne parle pas de débriefing opérationnel mais plutôt émotionnel on va dire, comment a été vécue la mission et quel en a été l’impact sur le personne – pour les premières missions et pour les coordinateurs. On a aussi identifié des contextes un petit peu plus à risque que d’autres, comme une épidémie d’Ebola ou un contexte de guerre par exemple et dans ce cas, tous les staffs internationaux passent par la cellule avant et après leur mission.

On a également identifié des projets qui ne sont pas forcément classifiés comme « à risque » mais où il existe un fort niveau d’exposition, comme dans les projets migrants par exemple ou sur les projets de victimes de violences sexuelles. Là typiquement, même si on n’est pas sous les bombes, même si on est pas forcément avec des menaces d’insécurité par rapport à son intégrité physique, le fait d’être tous les jours exposé à des patients traumatisés peut avoir un impact très très fort.

Nicolas VEILLEUX, Coordinateur de la Cellule de Support PsychoSOcial pour Médecins Sans Frontières

Enfin, la prévention tertiaire, c’est « limiter la casse » d’une certaine manière. Quand il se passe un incident critique grave, quand il y a un fort niveau d’exposition, c’est de pouvoir assumer en tant qu’employeur le meilleur support possible pour les personnes qui ont été exposées. Donc ces cellules ont pour vocation à aller sur le terrain, à faire du débriefing psychologique, de l’accompagnement des victimes. On a eu malheureusement en 2020 un énorme incident en Afghanistan avec la maternité de Dasht-e-Barshi. Là très clairement, on a vocation à faire du support d’urgence comme fait une cellule d’urgence médico-psychologique (CUP) en France.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Et une fois que les travailleurs internationaux sont déployés sur le terrain, les conditions de travail et de vie sur place sont dans certains cas tellement difficiles qu’il est parfois impossible de prévenir à 100% la survenance d’un burnout, d’où l’importance de savoir diagnostiquer au plus vite les symptômes d’un tel malaise. À ce titre, pouvez-vous donner des exemples de signes ou de symptômes si je puis dire, qui permettent d’identifier la survenance d’un burnout ou de l’épuisement émotionnel/compassionnel ?

Nicolas Veilleux : Il y a quelques signes qui se retrouvent de manière globale, mais en règle générale, et c’est ça la complexité, c’est que chaque individu, chaque personne peut réagir d’une manière totalement différente.

Ce que l’on fait en termes de prévention c’est d’expliquer aux coordinateurs les mécanismes de stress, ce qui va pouvoir apparaitre comme signe précurseur. Ça peut être deux types de réaction. Que ce soit des personnes qui vont être dans une forme d’hyperactivité, un temps de travail qui se prolonge, par moment une forme d’agressivité qui peut se développer. Et puis, au contraire, il peut y avoir des gens qui sont dans une forme d’ultra distanciation, une forme de passivité. Ce sont les deux signes de stress majeurs que l’on observe, soit l’attaque ou la fuite d’une certaine manière, qui peuvent s’exprimer d’un point de vue comportemental comme de l’agressivité ou de la passivité.

Il y a aussi tout ce qui de l’ordre des consommations d’alcool sur le terrain qui peut être un indicateur. Mais ce que l’on essaie de plus en plus de travailler avec les coordinateurs et les personnes en charge de la santé sur le terrain, c’est de ne pas être dans la réactivité dès que l’on voit des symptômes arriver, mais de pouvoir mettre en place en amont un cadre de travail qui permet de ne pas en arriver là.

Et comme dans le monde du travail classique, il y a aussi dans l’humanitaire des facteurs de stress, pas forcément liés au contexte, à l’environnement d’insécurité mais plutôt à l’organisation du travail.

NICOLAS VEILLEUX, COORDINATEUR DE LA CELLULE DE SUPPORT PSYCHOSOCIAL POUR MÉDECINS SANS FRONTIÈRES

On a une tendance à « charger la mule » sur le terrain à cause des « gaps » ou des postes qui ne sont pas forcément remplacés. On l’a notamment vu en période Covid, il y avait de plus en plus de difficultés pour pouvoir remplacer certaines personnes. Donc il y a souvent des personnes qui se retrouvent à faire deux postes en un… Pendant deux semaines ça tient, mais quand ça devient plus long ou que c’est structurel, cela crée très des difficultés. Donc si on agit sur ces causes-là, sur l’organisation du travail, sur les conditions de vie, on va déjà réduire ces difficultés. 

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Et après une fin de mission, est-ce que Médecins Sans Frontières réalise un suivi post-mission auprès de ses employés, pour s’assurer de leur bonne santé physique et mentale ? Si oui, en quoi cela consiste-il ?

Nicolas Veilleux : Il y a un débriefing systématique pour certaines catégories de personnes, principalement les premières missions, les coordinateurs qui, contrairement à la croyance, sont souvent avec des facteurs de stress un peu plus importants parce qu’ils sont en charge de la sécurité, parce que ce sont des gens qui ont un long parcours avec MSF ou sur le terrain avec des possibles effets d’accumulation de missions. Donc on essaie de voir tous les personnes en premières missions, les coordinateurs ou ceux qui ont été exposés à un incident critique et on peut les revoir par moment deux ou trois fois après le retour.

Mais il y a des fois où il y a besoin d’un peu plus de support et notre rôle, si on estime qu’il y a un besoin de suivi sur le long terme c’est de référer la personne en externe. Notre idée c’est d’absorber le choc du retour pour certaines personnes puis de s’assurer qu’elles soient vraiment bien orientées avec un professionnel de santé en fonction de leurs difficultés. Ça peut concerner une consommation d’alcool, une déprime, un besoin de suivi psychologique ou être en lien avec leur santé physique.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Je vais maintenant aborder ce que l’on pourrait qualifier de « solitude des travailleurs humanitaires ». En effet, beaucoup de travailleurs humanitaires qui ont vécu des périodes de stress extrêmes ou ont été témoins d’évènements choquants ne peuvent que difficilement voire pas du tout en parler à leurs proches. Pour ces derniers, cela paraît soit « trop loin » soit trop abstrait pour complètement comprendre le malaise qui continue d’habiter le travailleur humanitaire. En tant que Coordinateur de la Cellule support psycho-social de MSF-France, avez-vous déjà été confronté à ce phénomène avec l’un.e de vos collègues ? Si oui, quels sont les conseils que vous prodiguez dans ces cas-là ?

Nicolas Veilleux : Je pense qu’il faut d’abord rappeler que la plupart des gens qui reviennent de mission sont contents. 75 à 80% des gens qui travaillent et qui reviennent des missions sont ont vécu un belle expérience, très stimulante, avec beaucoup d’adrénaline et beaucoup d’endorphine aussi, donc beaucoup de plaisir. Il peut même y a une forme d’addiction qui se développe parce que c’est très stimulant.

Mais pour en revenir à votre question, ce sont en réalité les risques du métier. Ce n’est pas écrit dans le profil de poste, mais c’est quelque chose que l’on a observé, c’est comme une forme de « chute narcissique ». Quand on rentre à la maison, passé le moment sympathique de revoir nos proches, on subit une baisse d’adrénaline, une baisse d’endorphine, une baisse de plaisir, une baisse de stimulation, ce qui aboutit à des moment un peu « in-between », de baisse de stimulation et de désintérêt. 

Je me souviens que grâce à ma mission dans les Territoires Palestiniens, j’avais une meilleure compréhension de ce qu’il se passait là-bas. Le fait de passer neuf mois sur place m’a clairement permis de mieux comprendre ce qu’il se passe. Mais une fois de retour chez nous, on se retrouve face à des proches qui ont leur propre vision, peut-être la vision que l’on avait avant et ça peut créer un vrai décalage.

Émotionnellement parlant aussi, tout ce que l’on pu vivre sur le terrain et que l’on n’a pas eu le temps de « digérer » ressort après, bien souvent dans les moments de baisse de tension comme au retour d’une mission. Et c’est à ce moment-là que l’on se rend compte que l’on a été immergé dans des environnements dysfonctionnels, violents, une forme de morbidité quotidienne.

NICOLAS VEILLEUX, COORDINATEUR DE LA CELLULE DE SUPPORT PSYCHOSOCIAL POUR MÉDECINS SANS FRONTIÈRES

On essaie donc d’alerter les gens sur cette possibilité en les invitant au moment du retour à prendre au moins deux ou trois mois minimums de break. C’est important de pouvoir rester ancré dans un environnement personnel et de garder un équilibre par rapport à ce monde professionnel très stimulant. Il faut vraiment essayer d’avoir des ancrages, de ne pas perdre ses passions, de ne pas perdre ses intérêts, pour pouvoir tenir au niveau professionnel. Il faut voir les temps de récupération après les missions comme un période de sevrage qui permett de remettre le cerveau en ordre de marche pour pouvoir faire cet équilibre-là.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Jusqu’à présent, nous avons essentiellement parlé du cas des travailleurs internationaux, mais qu’en est-il de la question du stress et des troubles post-traumatiques pour les travailleurs nationaux ? Y-sont-ils exposés de la même manière que les employés internationaux ? Et dans tous les cas, est-ce que cette problématique est prise en compte par Médecins Sans Frontières ?

Nicolas Veilleux : Alors oui, ils sont plus exposés au niveau de la sécurité, ça c’est clair. De toute façon, la plupart des incidents critiques sur les terrains où l’on intervient concernent le staff national, que ce soit des kidnappings ou des expositions répétées. Il faut quand même bien garder en tête que ce sont des gens qui vivent et qui sont eux-mêmes victimes du conflit ou d’instabilités politiques. Et le fait de les engager à MSF les protègent économiquement, symboliquement mais ils restent toujours dans ce type de situation aussi. Donc ils ont quand même des facteurs de stress très personnels, ils ont une famille à faire vivre, et eux-mêmes, pour avoir travaillé à Gaza par exemple, sont enfermés aussi. 

Ils sont souvent dans des pays où l’accès à la santé mentale est très limité. Il y a moins de professionnels de santé et donc on s’est souvent retrouvés confrontés par moment pour les référer à des professionnels de qualité. Ce qui fait que dans certains environnements on le fait nous-mêmes. Par exemple en RCA où il n’y a pas de psychologues sur place, on a un poste spécifiquement pour le staff national qui va pouvoir les accompagner, les orienter et les aider avec toutes les limites qu’il peut y avoir. 

Il y a des aspects culturels et de langues aussi qui sont à prendre en considération. On a par exemple mis en place une cellule dans les pays arabophones avec des psychologues arabophones qui peuvent faire le lien avec les équipes nationales, qui peuvent se déplacer. L’idée est vraiment de renforcer des réseaux de psychologues-psychiatres dans les pays où l’on peut en avoir pour être certain que notre staff va être bien orienté et bien aidé.

Il y a eu une vraie prise de conscience il y a quelques années, et on essaie de mettre des moyens pour augmenter ça, et c’est quasiment un des objectifs des comités de direction, au niveau santé en tout cas, de vraiment rééquilibrer le support que l’on peut donner au staff national par rapport au staff international.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE : Malgré l’exposition à un haut niveau de stress que représente le travail humanitaire avec les possibles conséquences dont on a précédemment parlé, qu’est-ce qui motive, selon vous, les travailleurs humanitaires internationaux à poursuivre leur engagement mission après mission ?

Nicolas Veilleux : C’est une question très personnelle, chacun a ses propres motivations… Il s’agit quand même dans un travail bigrement intéressant, dans des structures où en règle générale il y a encore des marges de manœuvre et d’autonomie sur le terrain malgré la bureaucratie croissante, pour pouvoir mettre en place des opérations. Dans une ONG, où il faut être en réactivité constante, il peut y avoir des montées stratosphériques en termes de prise de responsabilité, en termes d’augmentation des compétences. Ça crée donc beaucoup de plaisir, une forte stimulation, que l’on a envie de reproduire en accumulant les expériences sur le terrain

Il y a aussi eu changement sociologique. De plus en plus de gens font effectivement des études pour travailler dans l’humanitaire. C’est devenu un projet professionnel qui peut être réfléchi de longue date alors qu’avant il y avait un aspect très militantiste. Avec les gens qui font des études spécifiquement pour ça, des projets de carrière se mettent en place, avec des personnes qui se projettent sur du long terme, avec des projets carriéristes très clairement.


Carnet de Bord – HUMANITAIRE tient très sincèrement à remercier Nicolas Veilleux de Médecins Sans Frontières pour non seulement avoir rendu cet interview possible, mais également pour la précision et les détails de ces réponses.

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Note : Ce billet est une retranscription écrite d’une interview enregistrée le 19 mars 2021.


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