La recherche de stage.
À la fin de chaque formation universitaire, tout étudiant est amené à réaliser un stage. Le domaine humanitaire n’est en ce sens pas épargné, et cela commence en toute logique par la recherche d’une opportunité permettant d’intégrer une organisation en tant que stagiaire. En ce qui me concerne, je ne m’attendais pas à ce que cela soit si difficile.
Au début, je m’imaginais naïvement que ma première candidature à une offre de stage allait obtenir une réponse positive, et que ça allait être le début d’une grande aventure…
Mais ça, c’était avant de me rendre compte que même après des mois à scruter Coordination Sud, les seules offres disponibles concernaient la gestion RH, la communication, la finance alors que mon diplôme porte sur la gestion de projet…
La fin de formation approchant, et après avoir bénéficié de riches enseignements sur la gestion de projet, nous avons été « quelque peu surpris » d’entendre notre Directrice de master nous annoncer qu’il ne faut pas avoir peur de faire des concessions pour notre recherche de stage, et que l’effectuer dans le domaine de la gestion RH d’une ONG peut être très bénéfique.
Un jour, j’ai tout de même découvert une offre de stage sur la « Capitalisation WASH/Sécurité alimentaire ». Autrement dit LE stage ultime, celui qui me fait rêver depuis des mois. Et puis quelques jours plus tard, sans que j’ai pu avoir le temps de déposer ma candidature, l’offre a soudainement disparu…
Mais là encore, je n’étais pas totalement désespéré. En effet, je croyais que la motivation à toute épreuve, le diplôme renommé, le projet professionnel réfléchi et l’engagement associatif de longue date (le tout cumulé) étaient suffisants pour trouver un stage… (alors qu’en fait pas du tout).
Les mois passant à attendre les offres de stage de l’ONG pour laquelle je désirais le plus travailler, j’en suis venu à la conclusion que seuls les privilégiés « au bras long » y avaient accès.
Après avoir postulé à une dizaine d’offres sans avoir obtenu la moindre réponse, j’ai pris mon courage à deux mains, et je me suis décidé à reprendre depuis le début ma lettre de motivation.
Ce qui m’a pris beaucoup, beaucoup de temps.
Pendant ce temps là, il n’était pas rare que j’apprenne qu’un(e) de mes camarades de promo avait trouvé un stage, alors que durant l’année qui venait de s’écouler il/elle a le plus souvent été vu(e) en soirée que sur les bancs de la fac.
Et puis un jour, ÇA Y EST, j’ai enfin obtenu une réponse positive pour un entretien.
Pas une minute à perdre, il a d’abord fallu réfléchir à la tenue « décontract’ mais pas trop » que je devais mettre pour l’entretien.
Mais j’ai aussi révisé mes cours, je vous rassure !..
Bien assez vite, le jour J pour cet entretien est arrivé.
En arrivant sur place, j’étais d’abord heureux de découvrir le siège d’une ONG.
Puis j’ai vite déchanté quand le recruteur m’a annoncé que je devais passer un test écrit d’une heure.
Quand j’ai cru avoir terminé de répondre à toutes les questions du test et qu’il ne me restait plus que 10 minutes, il fallait encore lire un cadre logique de 3 pages, corriger les fautes d’orthographe, repérer les incohérences et rédiger une critique.
À ce stade, je n’avais plus grand chose à perdre…
Bon, heureusement, j’ai quand même terminé ce fichu test !
Quelques jours après, ils m’ont envoyé un mail pour m’expliquer que « malgré mes solides connaissances, ma motivation et mon dynamisme, blablabla » je n’étais pas retenu. J’ai d’abord été tenté de leur répondre ça…
Heureusement, j’ai enchainé sur d’autres entretiens.
Les refus aussi, se sont enchainés…
À force de devoir se présenter à chaque début d’entretien, de faire la description de son profil, d’expliquer ce qui nous amène à postuler, bref de répéter le même discours, je ne vous cache pas qu’on finit par se lasser…
Et puis j’ai eu l’occasion de retourner une seconde fois au siège d’une ONG où j’avais déjà postulé, pour un nouvel entretien.
Le recruteur a d’abord cru bon de me poser une question piège, à laquelle j’ai répondu sans sourciller.
Et bien vite est venue une autre question piège. Et là, j’ai bafouillé.
Et puis après une recherche de stage étalée sur 5 mois, avec des dizaines de candidature, plusieurs entretiens au téléphone et aux sièges d’ONG, j’ai finalement été accepté pour un stage (et un super stage qui plus est).
Blague à part, ce récit n’ayant été que légèrement exagéré, le plus étrange et le plus frustrant durant toute cette phase a été pour moi comme pour mes camarades de tomber sur des recruteurs qui ne semblaient pas avoir conscience que leurs offres portaient spécifiquement sur un stage, dont le but est bien de former un jeune diplômé ayant reçu une initiation approfondie. Autrement dit, qu’il ne s’agissait pas d’un poste pour un professionnel ayant plusieurs années d’expérience et que le niveau d’exigence doit par conséquent être adapté à cette réalité.
Quoi qu’il en soit, pour les étudiants qui se reconnaitraient de près ou de loin dans ces tribulations, sachez communiquer aux recruteurs vos motivations et les raisons qui vous poussent à réaliser un stage dans ce domaine – et probablement continuer l’aventure directement sur le terrain. Soyez sincères, soyez vous-même. Mais gardez également à l’esprit que vous ne serez pas amenés à révolutionner le monde humanitaire au travers de ce stage, et qu’il vous reste encore beaucoup à apprendre. Un tel stage reste, quoi qu’on en dise, une formation, bien que ce soit plus pratique que ce sur quoi vous avez étés amenés à plancher en cours. En gardant cela à l’esprit, vous aurez déjà quelques clés à votre disposition pour convaincre les recruteurs en vue de commencer votre aventure de stagiaire.
Lire la suite: Vis ma vie d’humanitaire #2 – Le stage.
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