Quels sont les métiers de l’humanitaire ?
LES MÉTIERS VARIENT SELON LE NIVEAU DE PROXIMITÉ QUE L’ON A AVEC LA MISE EN OEUVRE DES ACTIVITÉS HUMANITAIRES.
Au sein d’une organisation humanitaire, il existe trois niveaux de proximité avec les projets d’assistance :
- D’abord le niveau opérationnel : C’est-à-dire que c’est le lieu ou la région où sont mis en œuvre les projets d’assistance auprès des personnes dans le besoin. Si on prend le cas du Myanmar, ça correspond par exemple à Sittwe et sa région où l’on compte plusieurs centaines de milliers de personnes qui nécessitent une aide d’urgence.
- Il y a ensuite ce que l’on appelle le niveau de coordination : En général, ce niveau est localisé dans la capitale du pays d’intervention et il n’y a normalement pas d’activités d’assistance qui sont mises en œuvre. C’est par là toutefois qu’entrent les travailleurs humanitaires internationaux dans le pays d’intervention et c’est aussi la que se trouvent les personnes chargées de représenter l’organisation humanitaire auprès des autorités nationales présentes dans la capitale. Si on reprend l’exemple du Myanmar, le niveau de coordination se trouve donc à Yangon.
- Et puis on trouve ensuite le niveau du siège, qui comme son nom l’indique, correspond au lieu où est situé le siège de l’organisation humanitaire. C’est de là que partent les travailleurs internationaux notamment après avoir assisté à leur briefing. Et en France, à quelques exceptions près, le siège des organisations humanitaires est situé à Paris.
LES CATÉGORIES DE MÉTIERS DANS L’HUMANITAIRE.
Il existe trois catégories de métiers : à savoir les métiers programmes, les métiers support et les métiers de coordination.
Les métiers programmes tout d’abord sont les métiers qui se trouvent au cœur d’un projet humanitaire et au travers desquels vous devez gérer la mise en œuvre d’activités techniques spécifiques. Et ces activités sont en lien avec les secteurs tels que la santé, l’accès à l’eau, l’hygiène, ou la sécurité alimentaire et économique par exemple.
Autrement dit, dans le domaine de l’eau et l’assainissement par exemple, où l’objectif est de permettre à une communauté d’accéder à l’eau potable, à disposer de structures d’assainissement adéquates comme des toilettes, et ces métiers sont ouverts à celles et ceux qui sont ingénieur hydraulique, ingénieur en hydrologie, dans le génie civil ou dans tous les domaines connexes.
Dans le domaine de la santé, où là l’objectif est de permettre aux communautés dans le besoin d’accéder à des soins médicaux, on fait plutôt appel à des infirmiers, à des pharmaciens, mais aussi à des nutritionnistes et de plus en plus souvent à des psychologues pour accompagner les personnes qui ont été témoins ou victimes de violence par exemple.
Et puis il y a aussi le domaine de l’alimentation et de l’agriculture, et on fait ici référence au secteur de la sécurité alimentaire et économique. Dans ce cas, on s’appuie sur des ingénieurs agricoles, des agronomes voire des économistes spécialistes du développement notamment.
Dans tous les cas, ce ne sont pas des métiers qui s’exercent exclusivement dans le secteur humanitaire. Les personnes qui ont les profils dont on vient de parler peuvent autant exercer leur métier dans l’humanitaire et en dehors. Dans le secteur humanitaire toutefois, les personnes qui sont employées par une association pour mettre en œuvre ces activités d’assistance sont appelées des chefs de programme, des responsables projet ou encore des program managers en anglais. Et pour pouvoir exercer ces métiers, il faut évidemment posséder les compétences adéquates, lesquelles sont liées à une ou plusieurs formations préalables qui dans la plupart des cas ne sont pas en lien direct avec l’humanitaire. C’est le cas par exemple pour devenir infirmier et infirmière ou ingénieur en génie civil.
En matière de salaire, les responsables de programme d’une organisation humanitaire française perçoivent en général 1500€ net lors de leur première mission, et ça peut augmenter pour atteindre un peu plus de 2500€ net avec l’expérience acquise au fil des années.
On trouve ensuite les « métiers supports », et comme leur nom l’indique, ces métiers existent pour apporter un soutien à la mise en œuvre des programmes humanitaires. Et dans ce cas on parle des métiers tels que les logisticiens – qui assurent notamment l’approvisionnement du matériel humanitaire et le suivi des consignes de sécurité –, les administrateurs et administratrices, – qui sont chargés de suivre et vérifier les dépenses réalisées dans le cadre de l’intervention humanitaire – ou encore les responsables des ressources humaines – qui soutiennent la mise en œuvre des programmes au travers du recrutement du personnel notamment.
Et à l’image des métiers programmes, les métiers support ne s’exercent pas exclusivement dans le cadre humanitaire. On trouve en effet des administrateurs ou des responsables des ressources humaines dans quasiment toutes les entreprises ou administrations publiques. Mais contrairement aux métiers programmes, il existe pour les métiers support deux possibilités de formation, avant de pouvoir travailler dans le secteur humanitaire :
- Il faut soit suivre un cursus technique sans lien avec l’humanitaire. Donc une formation dans le domaine de la gestion des ressources humaines, en comptabilité ou en supply-chain par exemple.
- Ou il faut suivre une formation de « généraliste de l’humanitaire ». Il s’agit là de formations de niveau Bac +5 et dont l’objectif est de former des professionnels polyvalents et qui sont aptes à exercer l’un des métiers support de l’humanitaire après obtention de leur diplôme.
- À ce titre, il existe plusieurs formations pour devenir généraliste de l’humanitaire, notamment le « Master 2 Action et Droit Humanitaires » à Aix-en-Provence, le diplôme « Coordinateur de projet » de l’Institut Bioforce à Lyon ou encore le diplôme « Manager de projets nationaux et internationaux » de l’Ecole 3A.
Pour en revenir aux métiers support, sachez qu’en matière de salaire, ils sont au même niveau que les métiers programme, c’est-à-dire que les personnes perçoivent en général 1500€ net lors de leur première mission, et ça peut augmenter au fil des années pour atteindre un peu plus de 2500€ net.
Enfin, il y a ce que l’on a ce que l’on appelle les « métiers de coordination », et là on fait référence aux « chefs d’orchestre » entre guillemets d’une mission humanitaire, puisqu’ils sont responsables de l’ensemble des équipes au niveau opérationnel ou de l’ensemble de la mission, et ce sont eux également qui assurent la représentation de l’organisation humanitaire auprès des autorités.
On fait donc là référence aux postes de chef de base ou de coordinateur de terrain au niveau opérationnel, ou sinon au poste de chef de mission ou directeur pays pour la personne qui est à la tête de toute la mission.
Dans tous les cas, sachez que ces postes ne sont pas accessibles aux débutants, puisqu’ils nécessitent d’avoir au minimum deux à trois ans d’expérience sur le terrain pour devenir coordinateur terrain, en ayant préalablement exercé un métier programme ou support. Et une fois coordinateur terrain, il faut encore une à deux années d’expérience pour ensuite postuler en tant que chef de mission.
Et que l’on soit coordinateur terrain ou chef de mission, le salaire au sein d’une organisation humanitaire française tourne autour de 2500€ net au départ et peut aller jusqu’à un peu plus de 3500€ net avec l’expérience.
PAR QUEL MÉTIER COMMENCER EN JUNIOR ?
Alors, s’il n’est évidemment pas possible de devenir chef de mission quand on est tout juste diplômé, par quel poste pouvez-vous envisager de commencer à travailler dans l’humanitaire ? Et bien vous avez trois possibilités :
- Si vous avez suivi une formation technique sans lien avec l’humanitaire (pour devenir ingénieur hydraulique par exemple, ou infirmière ou responsable des ressources humaines) vous pouvez postuler à un poste qui correspond à votre profil après avoir obtenu 2 à 3 ans d’expérience professionnelle. C’est en effet le temps qu’il faut pour développer suffisamment d’expérience, de ressources et de maturité pour pouvoir exercer vos compétences avec aisance, face aux nombreux défis que vous rencontrerez dans l’humanitaire.
- Si vous avez toutefois suivi une formation technique en lien avec l’humanitaire, notamment avec l’Institut Bioforce pour devenir logisticien ou technicien eau et assainissement par exemple, alors là il est tout à fait possible de postuler au poste qui correspond à votre profil après obtention de votre diplôme à la sortie de l’école. Vous aurez en effet toutes les clés en main pour faire face avec aisance aux challenges d’une intervention humanitaire.
- Enfin, si vous avez suivi une formation « généraliste de l’humanitaire » de niveau Master 2, vous pouvez dans ce cas tout de suite envisager de postuler pour une organisation humanitaire, mais pas un n’importe quel poste. Généralement, les postes qui sont ouverts aux généralistes de l’humanitaire nouvellement diplômés, sont les postes de chargé de reporting (ou reporting & grants officer en anglais). Et il s’agit là d’un poste où vous êtes notamment chargé de compiler toutes les informations qui sont relatives à la mise en œuvre et au suivi des projets pour en faire des rapports, notamment auprès des institutions qui financent les projets. C’est un poste qui vous permet également de vous rapprocher de toutes les dimensions de la gestion d’un programme et donc de vous préparer au mieux à un poste de responsable de projet ou d’administrateur par exemple.
EST-IL POSSIBLE DE TRAVAILLER AU SIÈGE D’UNE ORGANISATION HUMANITAIRE ?
Jusqu’à présent, seuls les postes de terrain ont été mentionnés, c’est-à-dire les métiers où vous êtes envoyés sur place, dans le pays d’intervention, pour contribuer à la mise en œuvre des projets destinées à porter assistance aux personnes dans le besoin.
Mais il existe aussi des métiers qu’il est possible d’exercer au sein du siège des organisations humanitaires. Et je les classerai en deux catégories : les métiers qui requièrent d’avoir une expérience terrain et les métiers sans expérience terrain.
D’abord les métiers qui nécessitent d’avoir une expérience terrain. Il s’agit tout simplement de l’équivalent des métiers programmes et supports du terrain. On y trouve donc les responsables programmes du siège ainsi que les contrôleurs de gestion, qui sont l’équivalent des administrateurs sur le terrain ou encore des experts techniques dans le secteur de la santé, de l’eau ou de la sécurité alimentaire. Dans tous les cas, pour travailler à ces postes-là au siège d’une organisation humanitaire, il est nécessaire d’avoir au minimum 3 à 5 ans d’expérience terrain, puisque le but de ces métiers est d’être en mesure d’apporter du soutien et l’expertise la plus pertinente possible auprès du personnel de terrain.
S’agissant en revanche des métiers qui ne requièrent pas d’expérience terrain, là on fait plutôt référence aux métiers :
- De la communication : Comme c’est le cas des chargés de communication, responsable de relations presse et média, community manager sur les réseaux sociaux… Donc là, le but de ces métiers est de réaliser des publications, des reportages, de publier les informations qui permettent au public d’en savoir plus sur les programmes réalisés par l’organisation et inviter également les médias à relayer ces informations.
- Du fundraising, c’est-à-dire la collecte de fonds : On a là les métiers de chargé de recherche de fond ou de responsable des partenariats entreprises et fondations. Ces métiers sont en lien avec la communication mais leur objectif est de mobiliser la générosité du public et du secteur privé afin d’obtenir les financements nécessaires à la mise en œuvre des projets de l’organisation.
- Et puis il y a également les métiers liés à la gestion des ressources humaines. Pour ces postes-là, il n’est pas impératif d’avoir une expérience terrain mais c’est quand même fortement recommandé afin de comprendre au mieux les challenges rencontrés par les personnes envoyées en mission.
Il est également important de souligner les points communs que tous ces métiers possèdent. En effet, gardez bien en tête que quelque soit le métier que vous souhaitez exercer dans l’humanitaire, il vous faudra nécessairement avoir ces qualités :
- Être flexible et avoir une grande capacité d’adaptation, car c’est ce qu’il vous faudra de manière quotidienne pour gérer les défis en contexte de gestion de catastrophe,
- Avoir de réelles compétences managériales et de leadership. À ce titre, sachez faire preuve d’exemplarité et d’empathie à l’égard des personnes qui seront sous votre supervision.
- Être résistant au stress et à la pression, car c’est ça aussi l’humanitaire, c’est être soumis 7 jours sur 7 à la pression de la réussite des projets,
- Il faudra aussi être capable d’apporter des solutions aux nombreux défis auxquels vous ferez face de façon quotidienne,
- Il est indispensable de savoir parler plusieurs langues, au minimum le français et l’anglais, mais il est aussi de plus en plus nécessaire d’avoir des notions en arabe, en espagnol et même en russe.
- Vous devez avoir de véritables capacités rédactionnelles et savoir écrire sans faire de fautes. C’est en effet indispensable lorsque vous rédigerez des courriers destinés aux représentants des autorités, car c’est un signe de politesse.
- Il faut ouvert d’esprit et faire preuve d’aisance avec la multiculturalité, puisque vous travaillerez non seulement dans un pays étranger, mais vos collègues auront très probablement une nationalité différente de la vôtre et du pays ou vous vous trouverez,
- Et enfin, il faut savoir se remettre en question et faire preuve d’humilité. C’est un point sur lequel j’insiste beaucoup, puisque même si vous avez été bien formés, que vous disposez d’un diplôme d’ingénieur ou de niveau Master 2, il faudra toujours garder à l’esprit que les personnes qui sous sous votre supervision seront tout aussi bien voire plus informées et compétentes que vous, ne serait-ce qu’en termes de compréhension du contexte, des challenges et des solutions qui existent pour les dépasser.
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