Les brèves humanitaires #07 – Mars 2021
Info #1 : La situation humanitaire se dégrade en République Centrafricaine.
On commence cette revue de presse en nous rendant en République Centrafricaine, où la situation humanitaire s’est dramatiquement dégradée depuis plusieurs mois. En effet, le 15 décembre 2020, six groupes armés se sont regroupés pour former la Coalition des patriotes pour le changement, alliée à l’ancien président François Bozizé, et ces derniers n’ont depuis eu de cesse de mener des attaques armées poussant près de 250 000 personnes à fuir ces violences.
Ces attaques se sont produites en particulier le long de la Main Supply Road 1 (MSR1), le principal axe routier entre la République Centrafricaine et le Cameroun, et par lequel transitent plus de 80% des produits importés par voie terrestre mais aussi l’aide humanitaire. Par conséquent, les routes commerciales qui relient la Centrafrique au Cameroun sont coupées depuis près de deux mois et ce sont tous les médicaments de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’UNICEF ainsi que les denrées alimentaires et le matériel des ONG qui se sont consécutivement retrouvés bloqués, impactant encore plus durement la situation humanitaire dans le pays alors que la saison des pluies est imminente ce qui risque de compliquer davantage l’accès aux zones où se trouvent de nombreux déplacés.
Dans ce pays où 1,9 million de personnes sont déjà en situation d’insécurité alimentaire, et où près d’un quart des structures de santé ne fonctionnent pas, ces affrontements armés viennent aggraver une situation qui était déjà plus que critique. Rappelons également que l’accès humanitaire en République Centrafricaine est extrêmement limité, non-seulement en raison des routes difficilement praticables mais aussi à cause de l’insécurité, puisque les violences contre le personnel humanitaire ont augmenté de 40% entre 2019 et 2020.
Info #2 : Inquiétude pour l’assistance humanitaire au Myanmar après le coup d’État.
On continue cette revue de la presse humanitaire en nous rendant au Myanmar où un coup d’État militaire est survenu le 1er février. En plus de l’inquiétude suscitée par l’arrestation de centaines de civils et l’intensification de la répression à l’encontre des manifestants qui contestent cette prise de pouvoir par les militaires, de nombreuses préoccupations concernent également la situation humanitaire.
En effet, dans ce pays qui compte un million de personnes qui nécessitent une assistance humanitaire et où un quart de la population vit sous le seuil de pauvreté, on observe d’ores et déjà sur place une importante augmentation des prix des denrées alimentaires essentielles comme le riz, signe d’une probable aggravation prochaine du niveau de pauvreté dans le pays. Sur place, les organisations humanitaires ont repris leurs activités après les avoir suspendues pendant quelques jours par mesure de sécurité, mais l’inquiétude reste de mise face à l’évolution encore incertaine du dialogue que la communauté humanitaire entretiendra avec les autorités militaires.
Une chose est dans tous les cas certaine : les timides discussions qui se tenaient en vue de demander que la citoyenneté birmane soit accordée aux Rohingyas ne sont pour le moment plus à l’ordre du jour, le sujet étant clairement trop glissant face aux autorités militaires elles-mêmes responsables des exactions sanglantes qui ont poussé plusieurs centaines de milliers de Rohingyas à se réfugier au Bangladesh.
Info #3 : Situation toujours très critique pour les déplacés du Tigré.
Dans le reste de l’actualité, partons maintenant dans la région du Tigré en Éthiopie, où trois mois après le début des violences armées l’aide humanitaire demeure toujours insuffisante face aux besoins exprimés sur place. L’accès aux soins, à l’eau potable et à des denrées alimentaires est de plus en plus critique pour les 60 000 personnes qui ont traversé la frontière pour se réfugier au Soudan mais aussi pour les 2,5 à 3 millions d’individus présents dans la région du Tigré.
La situation est d’autant plus grave que selon la Croix-Rouge éthiopienne, 80 % de la région du Tigré est toujours inaccessible à l’aide humanitaire tandis que les abus commis par les parties au conflit dans la région du Tigré et leurs alliés sont en constante augmentation. À ce titre, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a demandé à ce que des « mesures urgentes » soient prises.
Info #4 : Le calme reste précaire en Ukraine.
On enchaine avec l’Ukraine où la situation humanitaire reste inquiétante, même si le calme règne depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 27 juillet 2020 conformément à l’appel d’Antonio Guterres, en faveur de l’arrêt des hostilités armées dans le monde. Malgré la diminution du nombre de victimes touchées par balles, l’accès à la santé notamment reste toujours extrêmement difficile le long de la ligne de contact, en raison des pénuries de médicaments, d’équipements et de personnel médical.
À ce jour, on estime que 3,4 millions de personnes en Ukraine nécessitent une aide humanitaire, et 40% d’entre elles sont des personnes âgées. Pour ne pas oublier cette tragédie qui a lieu aux portes de l’Europe depuis sept ans, l’association Première Urgence Internationale organise une exposition pour mettre en lumière le quotidien des personnes accompagnées par l’organisation et vivant près de la « ligne de contact » à l’est du pays. Cette exposition se tiendra du 15 au 27 mars au lieu culturel Le 193, au Près-Saint-Gervais, à coté de Paris.
Info #5 : L’insécurité alimentaire augmente au Mozambique.
On termine enfin cette revue de presse humanitaire en nous rendant au Mozambique, où les conséquences du conflit qui secoue la région de Cabo Delgado ont placé 950 000 personnes en situation d’insécurité alimentaire de niveau 3 sur 5. En effet, en plus d’avoir provoqué le déplacement de 670 000 personnes, le conflit a négativement contribué à ce que les routes d’approvisionnement soient coupées, ce qui a également pour conséquence de perturber les marchés locaux et provoquer une augmentation du prix des denrées alimentaires.
Selon les analyses des organisations humanitaires présentes sur place, plus de 200 000 personnes pourraient passer en situation d’insécurité alimentaire de niveau 4 sur 5 entre avril et septembre de cette année tandis que les cas de choléra ne cessent d’augmenter, en particulier pour les déplacés qui ne disposent pas d’un accès à l’eau potable.