Les brèves HUMANITAIRES #05 – Octobre 2020
Info #1 : Intensification du conflit dans le nord du Mozambique.
Commençons sans plus tarder par nous intéresser aux violences armées qui frappent actuellement la région de Cabo Delgado au nord du Mozambique. Cette région riche en gaz naturel liquéfié est effectivement le théâtre d’une insurrection islamiste qui sévit depuis trois ans et qui a poussé 300 000 personnes à fuir les combats vers les régions de Nampula et Niassa mais aussi en Tanzanie. Rien que durant ces dernières semaines, ce sont plus de 60 000 personnes qui ont quitté leurs villages suite à la récente multiplication des attaques.
La situation est d’autant plus critique que la région de Cabo Delgado est non seulement l’une des plus pauvres du pays avec un taux de malnutrition très élevé, mais c’est également le deuxième plus grand foyer de cas de Covid-19, et ces déplacements laissent craindre une accélération de la propagation du virus dans les régions alentours.
Info #2 : Nouvelles accusations d’abus sexuels contre des travailleurs humanitaires.
On enchaine avec un nouveau scandale qui secoue la communauté humanitaire. Une enquête menée en République Démocratique du Congo pointe en effet du doigt plusieurs travailleurs humanitaires en les accusant d’abus et d’exploitation sexuels commis durant l’épidémie d’Ebola entre 2018 et 2020. Selon les éléments recueillis par le site The New Humanitarian, les personnes visées par cette enquête étaient majoritairement des employés de l’Organisation Mondiale de la Santé lors de la commission des faits, mais d’autres personnes travaillaient également pour UNICEF, Oxfam, Médecins Sans Frontières, World Vision et ALIMA. Trois de ces organisations ont annoncé avoir diligenté une enquête interne tandis que d’autres ont affirmé n’avoir reçu aucun rapport d’abus de quelconque nature durant la crise.
Ce n’est pourtant pas la première fois que de telles pratiques sont reportées dans les contextes d’interventions humanitaires et leur répétition vient une nouvelle fois ternir l’exemplarité à laquelle les organisations humanitaires et leurs employés doivent se tenir en toute circonstance. Si ces accusations se révèlent exactes, Carnet de Bord – HUMANITAIRE presse toutes les organisations concernées de lier la parole aux actes en prenant non seulement des mesures disciplinaires exemplaires comprenant l’exclusion définitive de ces personnes de leur vivier de recrutement, mais en faisant également preuve de plus de pro-activité en renforçant les dispositifs de prévention afin de ne pas uniquement compter sur les mécanismes de plainte qui reposent avant-tout sur le courage des victimes et le risque qu’elles encourent d’être exposées à une honte difficilement supportable vis-à-vis de leur communauté.
Info #3 : Un million de personnes déplacées en Inde à cause de la mousson.
En Inde, la saison de la mousson a été particulièrement violente au point de pousser plus d’un million de personnes à se déplacer. Les inondations et les glissements de terrain ont été les plus importants au nord-est du pays, dans les États du Bihar et d’Assam lesquels sont d’ailleurs considérés comme faisant partie des régions les plus exposées au risque d’inondations en raison de la multiplicité des sources et des cours d’eau en provenance de l’Himalaya.
Le risque de nouvelles inondations devrait toutefois décroitre avec la fin de la mousson mais les 267,000 hectares de surfaces agricoles détruites laissent présager une augmentation de l’insécurité alimentaire alors que les mesures prises contre la pandémie de Covid-19 ont déjà très durement frappé les moyens d’existence des populations les plus vulnérables.
Info #4 : Alerte famine dans le sud de Madagascar.
On continue en s’intéressant cette fois à Madagascar et à l’extrême sècheresse qui a frappé le sud du pays et plus particulièrement la région d’Anôsy. En effet, cela fait plus de neuf mois qu’il n’a pas plu dans cette partie du pays déjà fragilisée par de faibles récoltes les précédentes années et une exposition de plus en plus forte au dérèglement climatique.
En raison du niveau d’insécurité alimentaire très critique, le Programme Alimentaire Mondial est présent sur place afin de venir en aide à 300 000 personnes au moyen de distributions alimentaires et d’une assistance économique tandis que des collectivités publiques de l’île de la Réunion ont débloqué plusieurs centaines de milliers d’euros pour financer l’aide alimentaire d’urgence.
Info #5 : Dans le Haut-Karabakh, les violations répétées du cessez-le-feu compromettent l’assistance humanitaire.
On termine cette revue de presse humanitaire avec le conflit qui affecte la région du Haut-Karabakh entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie depuis le 27 septembre. La situation est d’autant plus préoccupante que l’on observe une dramatique augmentation de l’utilisation d’armes explosives lourdes en zones habitées ainsi qu’à l’encontre d’hôpitaux et d’écoles, pratique pourtant vigoureusement interdite par le Droit International Humanitaire d’autant plus qu’il s’agit d’attaques faites sans discrimination et de façon disproportionnée.
À cela s’ajoute le non-respect des cessez-le-feu et des trêves humanitaires, qui ont pour effet d’augmenter le nombre de victimes civiles et d’empêcher les organisations humanitaires de venir en aide auprès des communautés qui vivent près de la ligne de contact ainsi que le long de la frontière internationale entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. À ce jour, près de la moitié de la population du Haut-Karabakh aurait fui pour se réfugier vers des villes comme Yerevan et Goris en Armenie et Barda en Azerbaïdjan, tandis que les personnes dans l’impossibilité de quitter la région n’ont pas d’autre choix que de se terrer dans des sous-sols des bâtiments.