5 phrases que les humanitaires entendent trop souvent.
En tant que travailleur.se.s humanitaires, nous entendons régulièrement toutes sortes d’idées reçues de la part du public mais pas que… En effet, nos plus proches amis et même notre famille ne comprennent pas toujours ce que nous faisons vraiment. Le domaine humanitaire intrigue, étonne, nourrit divers fantasmes qui nous amènent à répondre bien trop souvent au même type de remarques et interrogations. Voici donc, toujours avec humour et légèreté, un petit florilège des phrases que les humanitaires entendent bien trop souvent.
« TU FAIS DE L’HUMANITAIRE MAIS TU N’ES PAS BÉNÉVOLE ? TU TE FAIS PAYER ? »
Cela surprend encore beaucoup de personnes, mais l’humanitaire est un domaine hautement professionnalisé et qui nécessite l’implication de personnes spécialement formées à cette fin. À l’image des médecins, infirmiers et sapeurs-pompiers dont le métier est d’effectuer un travail d’assistance auprès des personnes dans le besoin sans que l’on s’étonne qu’ils reçoivent une rémunération, il en est de même pour les travailleurs humanitaires. Le contexte humanitaire exige d’ailleurs de recruter des personnes hautement qualifiées et formées tout à la fois à des taches de management, gestion budgétaire, analyse géopolitique et autres compétences techniques (logistique, santé, nutrition…).
« ET QUAND EST-CE QUE TU TROUVERAS UN VRAI BOULOT ? »
Comment dire… C’est peut-être surprenant, mais nous faisons déjà un vrai métier et certain.e.s de nos collègues exercent des fonctions que l’on retrouve également en dehors de l’humanitaire. Spécialistes de la logistique, infirmier.e, contrôleur.se de gestion, ingénieur eau et assainissement, bref, le domaine humanitaire abrite un microcosme de véritables métiers, à la seule différence qu’ils sont exercés dans un contexte et des conditions différentes de ce que l’on peut trouver dans notre pays.
« C’EST FOU CE QUE TU FAIS TOUT DE MÊME… ÇA DEMANDE VRAIMENT DU COURAGE ! »
Merci ! Mais en réalité, je serais tenté de dire qu’il faut davantage de courage pour se lever tous les jours à 6h00 du matin afin de se rendre au bureau en restant pour cela plusieurs heures dans des transports publics souterrains… Alors certes, le travail humanitaire s’inscrit dans un contexte somme toute assez spécial (contraintes sécuritaires, isolement géographique, risque sanitaire…), mais au-delà de ça, pour la plupart d’entre nous, cela reste un domaine professionnel tout à fait normal, avec ses avantages et inconvénients.
« AH ! MA NIÈCE EST PARTIE FAIRE DE L’HUMANITAIRE AUSSI. ELLE A DONNÉ DES COURS DE FRANÇAIS DANS UN ORPHELINAT EN AFRIQUE. »
Hahaha, mais c’est géniaaaaal ça ! Mais par contre permets-moi de te dire que ce n’est pas du tout de l’humanitaire. Si si je t’assure ! …Attends, laisse-moi terminer ma phrase. Oui donc ce que je veux dire, c’est qu’il s’agit davantage de volontourisme. Tu sais, lorsque des gens paient pour effectuer un travail bénévole dans le seul et unique but de se sentir utile, alors qu’au final leur action est au mieux inutile, au pire crée davantage de problèmes que d’aider les personnes les plus vulnérables. En gros tout l’inverse de l’humanitaire quoi ! Hein, mais attends, reviens, je n’ai pas terminé de t’expliquer !..
« ET ÇA VA, TU LE VIS BIEN DE N’ENCHAINER QUE DES CDD ? »
Sur ce point-là je le concède, il peut paraitre étrange d’enchainer des CDD alors que tout le monde ne jure que par les contrats à durée indéterminée. Mais cela tient à une raison très simple: Pour beaucoup d’organisations humanitaires qui dépendent de fonds publics – qui sont pour la plupart accordés sur une durée de six à douze mois – il est impossible de garantir aux salariés nationaux et internationaux que leur poste sera financé après le terme du projet. Autrement dit, les contrats des travailleurs humanitaires sont de cette manière renouvelés au gré des financements et des projets dimensionnés selon les besoins évalués sur le terrain. Et puis cela est aussi dû au fait que beaucoup de contextes humanitaires sont de par leur nature extrêmement rudes et peuvent épuiser les travailleurs au bout de quelques mois seulement. Par conséquent, il est nécessaire qu’une autre personne prenne la relève du poste afin de garantir une mise en oeuvre optimale des projets au bénéfice des populations les plus vulnérables. Le recours au CDD est ainsi une pratique absolument normale et parfaitement adaptée au domaine humanitaire.
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« Votre papa doit être si fier de vous cela fait chaud au coeur que des personnes comme vous existe merci. »
Bonjour Chancel ! En effet, voilà une autre phrase qui revient relativement souvent… 🙂