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« Toutes nos équipes sont passées en mode urgence face à un ennemi invisible »

« Toutes nos équipes sont passées en mode urgence face à un ennemi invisible »

Alors que la pandémie de COVID-19 commence à marquer le pas en Europe au point que certains États envisagent maintenant des mesures de déconfinement progressives, les organisations humanitaires restent quant à elles sur le qui-vive face au risque d’une propagation incontrôlée dans des contextes d’intervention où les systèmes de santé – lorsque ceux-ci existent – sont les plus faibles et les plus fragiles au monde.

En accord avec notre volonté de décrypter le monde humanitaire, Carnet de Bord – HUMANITAIRE s’est rapproché de l’organisation SOLIDARITÉS INTERNATIONAL afin de mettre concrètement en lumière l’ampleur de l’impact de la pandémie de COVID-19 sur les activités humanitaires, les challenges opérationnels qu’elle soulève et comprendre comment les équipes déployées sur place se mobilisent pour limiter les risques de contagion.


Présente depuis 1980 sur le terrain des crises humanitaires les plus sévères, SOLIDARITÉS INTERNATIONAL vient en aide aux populations frappées par les conflits, les épidémies et les catastrophes naturelles. Reconnue pour son expertise et son savoir-faire en matière d’accès à l’Eau, à l’Hygiène et à l’Assainissement (EHA), SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a permis depuis 40 ans à des millions de personnes à travers le monde d’avoir un accès facilité à cette ressource indispensable à travers des solutions dignes et adaptées aux réalités locales.


Carnet de Bord – HUMANITAIRE : La pandémie de coronavirus (COVID-19) telle qu’actuellement observée a-t-elle déjà un impact sur vos activités ?

Alexandre Giraud, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : Cette pandémie a évidemment un impact important sur la sécurité de nos équipes et des populations les plus vulnérables auxquelles nous apportons notre aide. Dans un contexte de propagation de l’épidémie, notre priorité absolue est de les protéger. Comment faire face à la rareté des moyens de protection, à la fermeture des frontières et à la réduction du transport aérien ? Dans un premier temps, nous avons largement diffusé l’information sur les mesures de protection, dont les fameux gestes barrières et mis un accent particulier sur l’accès à l’eau et au savon pour permettre aux populations de respecter ces mesures. Nous avons également réévalué les structures de santé disponibles et leurs capacités d’accueil et mis en place des mesures de distanciation sociale lorsque cela était possible, lors de la réalisation de nos activités et dans le cadre du travail de nos équipes. Mais la difficulté vient du fait que l’aide humanitaire est une activité opérative, au contact des personnes, où le lien avec l’autre est fondamental. Les mesures de distanciation sociale sont donc très compliquées à appliquer. Seules les équipes de coordination et de support peuvent éventuellement travailler à distance mais c’est une partie minoritaire de nos équipes.

Cette pandémie a aussi un impact sur nos activités en raison de la fermeture en chaîne des aéroports et des frontières qui rendent problématique le mouvement du fret et du personnel international. Face à l’inconnue de cette pandémie, des mesures de confinement s’imposent mais les protocoles de déplacement et de mise en œuvre des activités doivent également être adaptés en permanence afin de conserver une capacité de réponse. Zones urbaines ou rurales, camps de réfugiés ou de déplacés, zones de conflits, zones frontalières… Chaque contexte a sa spécificité et demande beaucoup d’agilité, une stratégie ad hoc. Sans perdre de vue notre priorité : servir et protéger les populations fragiles qui auront encore plus besoin d’aide humanitaire dans ce contexte sanitaire inédit.

CdB – H : Quelles sont les précautions, mesures, activités ou adaptations que vous avez été amenés à adopter sur le terrain de vos interventions en raison de la pandémie de coronavirus ?

Alexandre Giraud, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : Comme je l’ai déjà souligné, notre première action a été de nous assurer que la sensibilisation et les moyens pour assurer la prévention soient disponibles pour nos équipes et nos bénéficiaires. En tant qu’acteur de l’accès à l’Eau, à l’Hygiène et à l’Assainissement, nous avons une expertise à apporter, notamment dans le domaine de la sensibilisation aux mesures d’hygiène et à la mise à disposition des moyens pour assurer l’accès à cette hygiène (eau, savon etc.). Nous nous devons d’être exemplaires à ce niveau-là.

Nous avons également rapidement mis en place des groupes de travail pour définir des SOP (standard operating procedure) dédiées à la pandémie, consolider l’information, adapter nos règles et procédures au contexte actuel.

« Toutes nos équipes sont passées en mode urgence face à un ennemi invisible, dans une logique de préparation car l’impact de la pandémie est encore limité sur nos terrains d’intervention. »

ALEXANDRE GIRAUD, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

Informer nos équipes des risques, des méthodes de prévention, de la mise à disposition de moyens pour assurer cette prévention (accès à des structures de santé, voire évacuation médicale) a été une priorité.

Nous avons aussi révisé notre exposition aux risques face à cette pandémie car au-delà des risques sanitaires, les conséquences logistiques, financières, économiques de cette crise font peser des risques supplémentaires sur les ONG. Sans parler des risques informatiques (les attaques se sont multipliées depuis le début de la crise) ou les risques liés à la perception des organisations internationales qui peuvent être pointées du doigt comme étant à l’origine de l’introduction du virus dans certains pays. La vigilance est de mise pour ne pas perdre de vue le suivi des risques habituels qui sont souvent accentués dans ce type de situation. Mais, je le répète, notre priorité est de délivrer de l’aide humanitaire aux populations qui en ont le plus besoin. Nous sommes des spécialistes de la gestion des risques et nous nous adapterons à ce contexte comme nous nous sommes adapté à tant d’autres.

CdB – H : Quels sont les challenges et difficultés que vos équipes actuellement déployées redoutent en raison du risque d’extension de la pandémie de coronavirus sur leur terrain d’intervention ? 

Alexandre Giraud, Directeur Général de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : Les craintes sont multiples mais je pense que la principale est la faiblesse des systèmes de santé dans la plupart de nos pays d’intervention. Lorsque le nombre de lits disponibles est 20 ou 30 fois inférieur à celui de la France par exemple, le nombre de médecins 50 fois inférieur et quand les respirateurs disponibles se comptent sur les doigts d’une main, l’impact de la pandémie est difficilement imaginable… Quand on combine à cela la quasi impossibilité de mise en place des mesures de confinement car la population doit se déplacer quotidiennement pour gagner sa vie, se procurer de la nourriture ou aller au puit chercher de l’eau, il est difficile de ne pas envisager un scénario catastrophique.

Par ailleurs, la grave perturbation de l’approvisionnement fait peser un stress important autour de la disponibilité des matériels de prévention et de traitement, avec l’arrêt de certaines lignes de production, les contraintes sur le transport international ou les nouvelles barrières douanières liées à la progression de la pandémie.

La coordination de l’aide internationale est également perturbée. À l’heure où les pays habituellement donateurs de l’aide humanitaire sont lourdement impactés par la pandémie, la réactivité de la coordination de l’aide internationale est extrêmement poussive.

« Sur quels financements l’aide humanitaire internationale va-t-elle pouvoir compter quand les pays donateurs devront se concentrer sur un lourd soutien à leur propre économie ou quand les donateurs privés auront vu leurs capacités de don réduites par la crise économique à venir ? »

ALEXANDRE GIRAUD, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SOLIDARITÉS INTERNATIONAL

À court terme, je pense que nous trouverons les moyens d’aider et de répondre présents comme nous l’avons toujours fait. Mais je suis très inquiet sur les capacités de réponse à plus long terme, notamment à partir de 2021 et au-delà, dans un contexte de probable crise économique mondiale lourde, de moyens humanitaires ainsi réduits, et de pays d’intervention probablement extrêmement affaiblis par plusieurs mois de crise sanitaire. 

CdB – H : SOLIDARITÉS INTERNATIONAL a-t-elle déjà été impliquée dans la lutte contre une épidémie ?

Anne-Lise Lavaur, Directrice des Opérations adjointe aux Programmes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL : SOLIDARITÉS INTERNATIONAL est un acteur de la lutte contre les épidémies en contexte dégradé. Nos équipes développent des approches intégrées « Eau, Hygiène et Assainissement (EHA) » et « Santé » autour de quatre axes opérationnels : préparation et prévention, réponse, anticipation et suivi épidémiologique en continu. 

Habituellement, nos programmes sont destinés à lutter contre les maladies diarrhéiques et les fièvres hémorragiques. Nous avons lutté ou continuons de lutter contre le choléra dans huit pays, notamment en Haïti ou en République Démocratique du Congo (RDC). Notre stratégie repose sur une double approche « coup de poing » (contrôle) et « bouclier » (prévention). D’un côté, nous déployions des équipes d’intervention rapide pour assurer une réponse rapide aux alertes de choléra. De l’autre, nous travaillons avec les communautés pour réduire leur exposition aux risques de maladie grâce à l’amélioration de l’accès à l’eau potable, à la diffusion des messages de prévention et à la gestion des excrétas humains. Ces dernières années, nous sommes également intervenus contre Ebola en Sierra Leone et en RDC. 

Face au COVID-19, notre priorité est la protection de nos travailleurs et de nos partenaires, mais notre devoir est également d’agir. Nous allons donc renforcer nos actions de prévention pour protéger les populations les plus vulnérables sur tous nos terrains d’intervention et lorsque nos capacités opérationnelles et financières le permettent, développer des actions de lutte et de contrôle de l’épidémie là où nous intervenons mais aussi, si nous le pouvons, dans les foyers épidémiques qui se développent à proximité.

Face à toute épidémie, la clé est d’adapter nos modes opératoires en fonction des contextes et de mener une analyse dynamique des risques afin de répondre aux besoins des populations les plus vulnérables. La difficulté est donc de réinventer nos interventions pour chacune des crises sanitaires auxquelles nous devons faire face – un défi majeur dans la crise actuelle liée au COVID-19. D’autres défis sont également importants : la résurgence des flambées dans les pays aux capacités sanitaires limités en dépit des réponses successives apportées, le manque de coordination sectorielle EHA et Santé à tous les niveaux (global, régional, national et local), le manque de financements pour la mise en œuvre de réponses à long terme ou encore la complexification des zones des zones d’intervention (zones urbaines, camps, etc.).


Carnet de Bord – HUMANITAIRE remercie très sincèrement Alexandre Giraud, Anne-Lise Lavaur et l’équipe communication de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL pour le temps qu’ils ont accordé à cet interview ainsi que pour leurs réponses aussi détaillées que complètes.

Pour en savoir plus sur les activités de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL, cliquez ici ⬅️.


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