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COVID-19 : Quel impact et quels risques pour les activités humanitaires ?

COVID-19 : Quel impact et quels risques pour les activités humanitaires ?

Il n’est pas nécessaire de le démontrer, la pandémie de coronavirus (COVID-19) a affecté la quasi-totalité des activités humaines sur l’ensemble de la planète. Avec 178 pays actuellement affectés par cette crise, et alors que les inquiétudes se font de plus en plus grandes quant aux conséquences économiques mondiales qui en résulteront, il convient également de jeter un regard sur l’impact de la pandémie sur les activités humanitaires.

En effet, cette crise sanitaire fait également naitre d’immenses craintes qui ont d’ores et déjà poussé les organisations humanitaires à adopter des mesures et toutes les précautions nécessaires pour limiter les risques de contagion pour les participants de leurs activités ainsi que leur personnel national et international. Le défi à relever s’annonce gigantesque alors que plusieurs pays déjà concernés par une ou plusieurs crises humanitaires de grande ampleur ont commencé à recenser des cas de patients infectés par le COVID-19.

LE CORONAVIRUS, UNE CRISE AU MILIEU DES « AUTRES ».

Le défi est d’autant plus grand que les organisations humanitaires sont contraintes de s’adapter à l’imminence d’une crise de grande ampleur alors qu’elles sont d’ores et déjà pleinement mobilisées dans le cadre de crises préexistantes. En effet, bien que l’attention de la communauté internationale soit en toute légitimité pleinement concentrée sur l’évolution et la résolution de la crise liée au COVID-19, l’ensemble des crises humanitaires actuelles ne sont quant à elles pas suspendues. Au contraire, celles-ci se poursuivent inexorablement dans un silence aujourd’hui grandissant, tandis que les besoins des populations vulnérables demeurent inchangés. Parmi la longue liste de craintes exprimées par la communauté humanitaire se trouve donc celui de voir la pandémie de coronavirus complètement occulter les autres crises de nature humanitaire.

Par ailleurs, le coronavirus ne fait pas que s’ajouter à la liste des crises auxquelles les organisations humanitaires sont déjà mobilisées, puisque la pandémie de COVID-19 les contraint également à se confronter à des tensions d’approvisionnement de matériel médical et de protection – en particulier les masques médicaux, les gants et les lunettes de protection. Cela est non seulement dû à l’explosion de la demande mondiale mais aussi aux fermetures successives d’aéroports partout sur le globe. Beaucoup redoutent également une flambée des prix du matériel médical de base, puisque cela serait incompatible avec les déficits de financement auxquels les organisations font déjà face pour répondre aux urgences existantes.

Par ailleurs, le risque d’un élargissement de la pandémie de coronavirus dans les zones d’intervention humanitaires expose les systèmes de santé des pays les moins développés à une désorganisation complète des services de soins médicaux, à l’image de celle provoquée par l’épidémie d’Ébola en Afrique de l’Ouest en 2014. En effet, la priorisation de la réponse anti-Ébola avait interrompu la continuité des services médicaux de base et d’urgence avec pour conséquence directe l’augmentation du nombre de décès liés à d’autres pathologies.

EN TOUT TEMPS, L’ACCÈS À LA SANTÉ EST UNE URGENCE HUMANITAIRE.

La pandémie de COVID-19 met en effet en lumière les faiblesses des systèmes de santé des pays en développement. Cela est d’autant plus grave et tragique pour les pays déjà affectés par une crise humanitaire majeure (plusieurs années de conflit armé, catastrophe naturelle…) puisque leurs systèmes de santé – lorsque ceux-ci existent – sont typiquement les plus faibles et les plus fragiles au monde.

Ces faiblesses ont pour conséquence directe d’empêcher toute surveillance des maladies et de leur propagation de façon optimale, mais cela rend également difficile sinon impossible d’apporter une réponse adéquate en cas d’épidémie. Affirmer qu’un accroissement des cas confirmés de coronavirus dans les zones d’intervention humanitaires serait dramatique relève ainsi de l’euphémisme, tant la menace est réelle pour les populations les plus vulnérables.

De manière générale, la communauté humanitaire s’accorde actuellement à coordonner ses efforts de préparation et de réponse à la pandémie de COVID-19 en portant une attention toute particulière aux populations déplacées/réfugiées ainsi qu’aux personnes résidant dans une zone de conflit armé. Les camps de déplacés/réfugiés constituent en effet un terreau fertile aux pics épidémiques liés aux maladies respiratoires, favorisés par la malnutrition généralisée – en particulier pour les enfants –, les conditions d’hygiène déplorables et une densité de population très élevée qui empêche toute distanciation sociale.

Les déplacés et les réfugiés comptent donc parmi les personnes les plus exposées au risque de contamination, mais l’inquiétude est également vive pour les personnes vivant dans des zones de conflit armé où les structures de santé ont été irrémédiablement affectées, comme en Syrie ou au Yémen. Dans ces contextes où les hopitaux ont été dévastés et continuent encore à faire l’objet d’attaques systématiques, la multiplication de cas de COVID-19 constituerait une terrible aggravation – si tant est que cela soit possible – de la catastrophe qui affecte ces populations depuis de trop longues années.


Ce qu’il faut aussi savoir:

Les conflits armés contribuent d’ailleurs à la propagation des maladies au point d’en faire réapparaitre certaines d’entre-elles, comme depuis 2013 en Syrie avec la polio, alors que celle-ci avait totalement disparu dans le pays avant le conflit.


Il convient également de noter que dans un contexte de pandémie tel que celui-ci, il est indispensable de pouvoir identifier au plus vite les personnes qui ont été en contact avec chaque individu infecté afin de limiter au maximum la propagation de la maladie. Les déplacements réguliers de plusieurs milliers de personnes fuyant les bombardements rendent toutefois particulièrement difficile le traçage – ou « contact tracing » – des personnes porteuses d’une maladie contagieuse. C’est dans cette optique que le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a appelé d’urgence à la mise en place d’un cessez-le-feu mondial, dans le but de limiter autant que possible que les mouvements de population dû à la guerre et par extension, la possible propagation du virus.

La pandémie de COVID-19 et les craintes qu’elle suscite rappelle une nouvelle fois que l’accès à la santé demeure une priorité essentielle et constitue une véritable pierre angulaire dans les stratégies de réponse aux crises humanitaires, en faisant jeu égal avec l’accès à l’alimentation, l’eau, l’hygiène et l’assainissement.

Carnet de Bord – HUMANITAIRE exprime par ailleurs ses inquiétudes quant à la généralisation des mesures de confinement, y compris dans les pays en développement, et l’impact dévastateur que celles-ci auront sur les moyens d’existence des populations les plus pauvres. En effet, dans des pays comme la République Démocratique du Congo, l’Inde ou le Myanmar, dans lesquels aucune aide sociale de l’État n’est envisageable, l’idée de confinement entre en contradiction totale avec la réalité socio-économique des plus pauvres, en particulier en milieu urbain. Contrairement aux zones rurales, les pauvres des milieux urbains vivent généralement dans des bidonvilles ou des campements de fortune où l’accès à la terre est extrêmement réduit, sinon inexistant. Il leur est par conséquent impossible de dépendre de l’agriculture pour subvenir à leurs besoins, et ceux-ci n’ont pas d’autre choix que de tenter de poursuivre leur activité économique, bien souvent informelle et rapportant tout juste assez pour permettre à leur famille de survivre une journée de plus.

LE CORONAVIRUS POUSSE LES ORGANISATIONS HUMANITAIRES À ADAPTER LEURS OPÉRATIONS.

Sur le terrain des opérations humanitaires, les mesures destinées à lutter contre la propagation du coronavirus ont d’ores et déjà sévèrement affecté la mise en œuvre des activités. En effet, l’assistance humanitaire qui est par nature un travail de proximité se voit aujourd’hui profondément bouleversée par des restrictions de mouvement qui se rajoutent aux difficultés d’accès préexistantes de certaines zones d’intervention.

En parallèle, et en conformité avec leur stratégie de limitation des risques de transmission du coronavirus aux bénéficiaires ainsi qu’aux travailleurs, les organisations humanitaires travaillent activement à rapatrier leurs employés internationaux non-essentiels – c’est-à-dire de ceux dont l’absence à court-terme ne pénalisera pas durablement la continuité des opérations – vers leur pays de résidence. L’objectif est en effet de limiter autant que possible les risques de transmission du virus dans les zones où l’accès aux soins est plus que limité et nécessiterait des rapatriements d’urgence rendus encore plus difficiles avec la suspension des lignes aériennes et la fermeture des aéroports.

Les organisations humanitaires se trouvent également face à une difficulté de taille que constitue la relève de leurs employés internationaux en fin de mission. Alors que les fermetures de frontières et la suspension des vols commerciaux se succèdent, il devient par conséquent de plus en plus difficile d’envoyer de nouveaux travailleurs internationaux prendre le relais de leurs collègues épuisés par leurs missions respectives. Face à ce problème dont l’incertitude quant à sa durée est au moins aussi grande que l’imprévisibilité de son étendue, l’Organisation Mondiale de la Santé a affirmé à plusieurs reprise la nécessité d’établir des corridors humanitaires, avec toutes les précautions nécessaires que cela suppose, afin de garantir non seulement l’approvisionnement du matériel destiné à l’assistance humanitaire mais aussi permettre la mobilité du personnel.  

SUR PLACE, LA RÉPONSE HUMANITAIRE FACE AU CORONAVIRUS S’ORGANISE.

En dépit du défi imposé par la pandémie de COVID-19, les organisations humanitaires ont la lourde tâche d’assurer la continuité de leurs opérations, tout en développant de nouvelles activités de prévention contre une propagation du coronavirus dans leurs zones d’intervention. La communauté humanitaire s’appuie à ce titre sur l’expertise qu’elle a développée ces dernières années en matière de prévention et de contrôle des épidémies telles que Ébola en Afrique de l’Ouest et le choléra au Yémen.

En pratique, cela passe donc en priorité par l’établissement de systèmes de surveillance et de détection rapide des nouveaux cas, l’identification des populations les plus à risque de contracter le virus mais aussi le renforcement des messages de promotion d’hygiène – en particulier s’agissant des gestes barrières comme le lavage des mains –, et la distribution de savon. Les procédures de distribution ont également été réadaptées, afin d’éviter autant que possible les regroupements de personnes. En parallèle à chacune de ces mesures, il est également primordial de mobiliser l’ensemble des communautés tout en veillant à prendre en compte leurs perceptions, leur croyance et leurs pratiques afin de garantir la diffusion, la compréhension et l’efficacité de ces messages.


Ce qu’il faut aussi savoir:

Toute activité humanitaire, quelle qu’elle soit, nécessite que le matériel distribué ou les pratiques enseignées rencontrent d’une part la compréhension des bénéficiaires et d’autre part leur acceptation. L’acceptation des bénéficiaires ciblés, eu égard à leurs préférences, habitudes culturelles ou leurs besoins reste en effet l’une des pierres angulaires de la réussite d’un projet.


Comme l’indique Médecins Sans Frontières (MSF), il est tout aussi important de garantir la protection du personnel soignant. À cet effet, l’organisation est activement mobilisée pour la fourniture de matériel de protection et apporter le soutien nécessaire aux structures médicales les plus limitées afin de s’assurer qu’elles sont prêtes à gérer l’isolement et le traitement des cas de COVID-19. « Assurer la réponse humanitaire pendant une épidémie, c’est d’abord s’assurer que nos équipes, en particulier les personnels médicaux, soient bien protégés et respectent les mesures préventives, pour ne pas aggraver les risques de propagation de cette épidémie » rappelle Première Urgence Internationale (PUI) qui œuvre également au soutien des structures de santé les plus fragiles.

Le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) agit quant à lui activement en faveur de la protection des personnes détenues contre le risque d’une propagation du virus. En effet, les lieux de détention dans lesquels intervient l’organisation sont généralement dépourvus d’installations sanitaires adéquates et l’accès à des soins y est extrêmement limité, à tel point que l’état de santé général des détenus est souvent plus mauvais que le reste de la population. À cela s’ajoute la surpopulation, qui dans le contexte d’une prison augmente dramatiquement le risque d’une contagion à grande échelle. En plus de la continuité de ses activités de soins primaires et de lutte contre la malnutrition pour protéger l’état de santé des détenus, le CICR a également accentué ses mesures préventives telles que l’examen médical des nouveaux détenus afin de s’assurer qu’il ne sont pas porteurs du COVID-19.

LA PANDÉMIE DE COVID-19 AFFECTERA LA SPHÈRE HUMANITAIRE SUR LE LONG TERME.

Dans tous les cas, et bien qu’il soit encore trop tôt pour en mesurer l’étendue, il n’en demeure pas moins que la pandémie de coronavirus affectera douloureusement le financement de l’assistance humanitaire. En effet, face aux turbulences que l’économie mondiale traverse actuellement au point de provoquer une récession de niveau global, il est fort à parier que cela impactera de façon équivalente les fonds attribués à l’aide humanitaire.

Aperçu du financement humanitaire au 29 février 2020. Source.

Cette perspective est d’autant plus alarmante que le financement de l’assistance humanitaire est déjà cruellement insuffisant. En 2019, les Nations Unies estimaient les besoins financiers à hauteur de 29,7 milliards de dollars. Seuls 18,1 milliards de dollars ont été effectivement reçus, soit 61% du montant nécessaire. En février dernier, et alors que la pandémie de COVID-19 était encore loin d’atteindre son niveau actuel, les Nations Unies estimaient les besoins financiers de l’aide humanitaire pour 2020 à 28,7 milliards de dollars. S’il ne fait aucun doute que cet objectif ne sera une nouvelle fois pas atteint, l’impact du coronavirus sur l’économie et les finances mondiales laisse toutefois entrevoir un futur aussi sombre que critique pour l’assistance humanitaire. Cela est d’autant plus dramatique que si l’assistance humanitaire est en passe d’être encore plus largement sous-financée, les besoins des populations vulnérables ne font quant à eux qu’augmenter.

Enfin et surtout, il reste à espérer de toutes nos forces qu’aucune région du monde n’ait à connaitre ces prochains mois une catastrophe humanitaire supplémentaire (du niveau d’un tsunami comme en 2004 pour l’Asie du Sud-Est ou d’un séisme comme en 2010 en Haïti). Nul ne sait en effet ce qu’il adviendrait de la réponse d’urgence et des moyens qui lui seraient attribués dans un contexte où les financements de l’aide sont taris et le déploiement d’équipes de secours rendu impossible par les restrictions de mouvements. Si l’avenir est donc très sombre pour les organisations humanitaires et les activités qu’elles déploient, il l’est d’autant plus pour les populations les plus vulnérables.


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Comments: 2
  • Anne 4 avril 2020 11 11 25 04254

    Merci pour cet article super intéressant (comme tous les autres d’ailleurs!). Merci de rendre accessible à tous la compréhension du monde humanitaire qui est trop souvent soit idéalisé, soit ignoré soit trop complexifié. Au plaisir de lire le prochain article.

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